Psykick Lyrikah + Oddateee
- HIP-HOP / RAP
- Le Club
- Production : TP
PSYKICK LYRIKAH (Rennes, FR.)
La bio qu’on a reçue avec le nouvel LP de Psykick Lyrikah nous chipent les mots de la bouche. Tout ce qui est dit dedans raconte exactement ce qu’on avait envie d’écrire. Donc on va abuser des copier-coller, une fois n’est pas coutume. Ce « projet à géométrie variable emmené par le rappeur et désormais compositeur Arm » « propose sa propre vision du rap où le lyrisme des textes est mis en valeur par la sobriété du flow et où les productions, aussi puissantes qu’aériennes, balaient un large spectre musical bien au-delà de l’obscurité apparente en surface ». Ok avec ça, même si ça reste flou. Quand on avait vu Psykick Lyrikah en concert au tout début du groupe, on avait surtout été complètement emmené par le charisme impressionnant de Arm et de ses textes qui nous avaient mis dans le même état que la lecture de Dostoïevski – dont il revendique l’héritage, pas commun pour un rappeur. Une façon de raconter des histoires (noires) à mille lieues des clichés du rap français qui nous avait fait dire que « dans deux ou trois décennies, quand des gamins curieux creuseront les archives du hip hop pour remonter la source des musiques mutantes qu’ils écouteront alors, beaucoup se demanderont comment leurs aînés ont pu passer à ce point à côté des vrais défricheurs pour leur préférer la plupart du temps des clichés ambulants ». Et la bio de confirmer encore tout le bien qu’on pense de Psykick Lyrikah : « En une poignée d’albums fatalement méconnus et de projets transversaux (on pense aux ébouriffantes mises en scène de Hamlet et Richard III), ils ont sorti le rap de son ghetto confortable pour le confronter à l’electronica ou au post-rock les plus exigeants ». Les collaborations de Arm avec Olivier Mellano, Robert Le Magnifique, Tepr, Laetitia Sheriff ou Domnique A montrent à elles seules un positionnement inédit dans le milieu du rap français. « Impossible alors de s’appuyer sur une formule déjà éprouvée et formatée, il a bien fallu inventer la suite ». Car il s’agit bel et bien de rap, ça c’est sûr, mais à mille lieues de l’idée qu’on se fait communément du rap. Psykick Lyrikah saura régaler en effet le fan de Booba autant que le fan de Mendelson, et on approuve encore la bio « parce que depuis 2003, les Rennais sont à la pointe de l’avant-garde rapologique » : « Qu’ils soient rageurs ou désabusés, les quatorze titres de « Jamais Trop Tard » viennent grossir les rangs des futurs classiques de demain. Ne faîtes donc pas honte à vos arrières petits enfants. Aimez ce disque dès aujourd’hui. » Et venez les voir en concert, évidemment, car comme toujours, c’est là que les vraies choses se passent.
Pour les fans de rap, Zone Libre, Mendelson, Fauve… Booba ? (FL)
ODDATEEE (USA)
Ecrire un texte sur Oddateee en écoutant son nouvel album est un peu compliqué parce que ça donne vraiment envie de lever les bras en l’air – c’est pas pour rien que Ricardo Galindez (Oddateee) a ce statut rare de rappeur / performer / producteur unanimement respecté aussi bien par les fans de hip-hop que de noise rock. En écoutant ce nouvel album, on a même l’impression par moment de ressentir le même truc que lorsqu’on écoutait Public Enemy pour la première fois – cette énergie sauvage et ce groove mauvais (pour ne pas dire méchant) que seul le hip-hop arrive à transformer en fête. Si on ne pige pas tout de suite ce que nous raconte Oddateee (même si pas besoin d’être bilingue ici pour entendre la colère), on est pendu à son flow et son imposante présence évoque, aux vieux comme nous, le Wu Tang, les Beastie Boys, Chuck D, Cypress Hill ou KRS One, mais c’est sûr que vos références seront moins poussiéreuses quand vous l’entendrez sur scène. Il n’est pas si vieux que ça Ricardo en plus, même s’il a vu du pays (toujours sur la route) et rencontré (voire plus) le gota du hip-hop mondial, à commencer par Dälek, dont les productions ont forgé le « son » d’Oddateee et ses fameux virages entre hiphop old school, indus, noise et electro actuelle. Pas étonnant du coup qu’il collabore avec des types horsformat comme Antipop Consortium, Isis, Dj Spooky ou encore, sur ce nouvel album « 1973 », avec Carbon Copies (Picore), Bit Tuner (Tallen) et DJ JS-1 (oui oui, le DJ de Rahzel qui vous a fait danser comme des fous l’année dernière au TM). Jamais dans la facilité, le dernier album de Oddateee coule pourtant d’une traite et balaye 25 ans de hip-hop en 11 titres, tous aussi différents les uns que les autres, mais qui nous rassurent sur l’état clinique du rap d’aujourd’hui : non, il est loin d’être mort en fait. Certes il ne passe pas à la télé, ni à la radio (sauf les bonnes, heureusement à Tours on en a quelques-unes) mais va au charbon, à l’image d’Oddateee, vrai frontman qui va chercher le public en montant sur scène et en brûlant les planches. Certains d’entre vous l’ont peut-être déjà vu en première partie de KRS-ONE ou Rahzel - du hip-hop - ou avec Liars, Marvin, Action Beat - du rock - ou encore avec la famille Jarring Effect - plutôt dub : Oddateee est à sa place sur n’importe quelle scène, tout comme Psykick Lyrikah d’ailleurs. Cette soirée va défoncer.
Pour les fans de Dälek, Jarring Effects, KRS One, Public Enemy, Beastie Boys, Wu Tang, Sonic Youth... (FL)