Electric Electric + Frustration
- Sauvage Garage Kraut
- La Grande Salle
- Production : TP
ELECTRIC ELECTRIC (Strasbourg, FR.)
Et de deux ! Après l'infernale Colonie de Vacances à Rayons Frais que nous avions invitée il y a deux ans et qui regroupait sur quatre scènes en simultané les magnifiques Marvin, Pneu, Papier Tigre et Electric Electric, nous nous étions promis qu'ils reviendraient lorsque ce serait possible, ce qui est aujourd'hui chose à moitié faite : Papier Tigre en juin dernier, Electric Electric ce soir, Pneu très bientôt et Marvin dont on attend le nouvel album. Contents, contents. En plus, ces quatre groupes, une bande de copains aux commandes de la locomotive du TGV de la noise française, ont la particularité de se bonifier à chaque nouvel album, et dans des styles de plus en plus singuliers. Ainsi avec leur nouvel album "Discipline", Electric Electric creuse encore plus profond le sillon de la danse et de la transe commencé sur leur inaugural LP de 2008, jouant toujours avec une précision folle des boucles affolantes de guitare, des lignes cinglées de synthés et des (poly) rythmes de batterie inventifs qui glissent rapidement du cerveau aux jambes. Avec Shellac, TransAm, PIL et Silver Apples toujours en ligne de mire, Electric Electric injecte malgré tout un je ne sais quoi de voodoo, de tribal, de rituel dans leurs compositions qui invitent à une sorte de méditation dansante et dansable, tour à tour kraut, pop, punk et mine de rien complètement techno. Plus près au bout du compte de Zombie Zombie ou NLF3 que Pneu ou Papier Tigre, Electric Electric peut faire office de déblocage pour les puristes math rock et intégristes du dance floor : on a besoin de ce genre de groupe pour décloisonner les styles, et EE le fait avec un brio absolument magistral. Oui, on est fan, et on le dit bien fort. (FL)
FRUSTRATION (Paris, FR.)
Guerre froide, c'est la première chose qui me vient à l'esprit quand je pense à Frustration. La glace et le feu. Certainement à cause de la pochette de l'album "Relax", à l'imagerie glaciale d'ouvriers du début du XXème siècle en train de fixer les derniers boulons d'une énorme turbine d'acier, ou de celle de "Full of Sorrow", montrant encore une turbine métallique observée par un ouvrier sur une chaine de montage d'usine. Une imagerie forte, un nom sans équivoque, et une musique qui semble avoir été enregistrée à une époque où Wire, Joy Division et PIL peignaient avec leurs guitares glaciales, leurs basses blanches et rythmiques arides le tableau d'une Angleterre broyée par la crise, désabusée et forcément punk. A l'instar de ces groupes essentiels, Frustration fait passer sa rage et sa colère par une explosion noise associée à une formidable fondation rythmique qui incite à la danse. Une danse qui peut rapidement se terminer en pogo ; gare à vous, vous êtes prévenus. Malgré tout, il y a chez Frustration une écriture presque pop qui sort des clichés post punk où bien souvent un son se suffit à lui-même. Frustration écrit des tubes, même si cette notion doit être bien loin de leurs préoccupations. En tout cas, que celui qui ne s'est pas levé de son siège à l'écoute de "Blind" ou "Faster" me jette la première clé à molette. Frustration fait partie de ces secrets trop bien cachés qui mériteraient une couverture médiatique de haut niveau : mais comme souvent, les fans eux savent où les trouver. La preuve, Frustration est un des noms qui revient le plus souvent quand on demande au public du Temps Machine ce qu’il aimerait voir sur la scène du club. Autant dire qu'il y aura des heureux ce soir, et nous les premiers ! (FL)