Konono n°1 + Acid Arab
- congotronics / acid world beats
- La Grande Salle
- Production : TP
KONONO N°1 (République Démocratique du Congo)
Une fois n’est pas coutume, c’est wikipedia qui raconte le mieux l’histoire de Konono n°1 : en voici l’essentiel. Konono n°1 est un orchestre de Kinshasa, qui existe depuis la fin des années 60. Fondé par Mingiedi Mawangu, virtuose du likembé (connu aussi sous le nom de sanza et parfois dénommé piano à pouces, composé de lamelles métalliques fixées à une caisse de résonance), le groupe se compose de trois likembés électriques (médium, aigu, basse) équipés de micros fabriqués à partir de vieux alternateurs de voiture, une section rythmique mêlant percussions traditionnelles et bricolées (couvercles de casseroles, pièces de voitures), trois chanteurs, trois danseurs et une sono munie de «lance-voix» (mégaphones) datant de l’époque coloniale. Les musiciens de Konono n°1 sont originaires du village de Damba, au nord de l’Angola. Le style du groupe emprunte largement aux musiques de transe bazombo mais il leur a fallu littéralement composer avec la distorsion du système d’amplification, au départ non voulue mais inévitable. Comme d’autres musiciens dits tradi-modernes (tels que ceux du groupe Kasai Allstars), les membres de Konono n°1 ont quitté la brousse pour s’établir dans la capitale et, afin de pouvoir continuer à assumer leur fonction sociale en se faisant entendre des ancêtres (et surtout de leurs concitoyens) au milieu du vacarme urbain, ont été contraints d’électrifier leurs instruments en bricolant à partir d’objets trouvés. Cette amplification de fortune a provoqué une mutation radicale de leur son, qui les a fortuitement rapprochés de l’esthétique du rock et de la musique électronique, et a fortement séduit le public indie rock en Grande-Bretagne et aux États-Unis, où leur album « Congotronics » a figuré dans les listes des meilleurs albums de l’année publiées par l’ensemble de la presse en 2004 (du New York Times à The Independent en passant par Pitchfork, la BBC, et les playlists de Beck, Andrew Bird ou encore Animal Collective). Adulés par The Ex, qui leur ont rendu hommage sur l’album Turn (Theme From Konono), invités par Björk sur son single « Earth Intruders » produit par Timbaland, Konono n°1 a également collaboré avec Herbie Hancock et figure sur son album The Imagine Project, récompensé d’un Grammy en 2011. On retrouve également Konono n°1 sur l’album « Tradi-Mods Vs. Rockers », composé d’interprétations et reprises en hommage aux groupes dits « Congotronics », enregistrées par 26 artistes issus des scènes électronique et indie-rock (Deerhoof, Animal Collective, Andrew Bird, Juana Molina, Shackleton et d’autres), puis dans la formation « Congotronics VS Rockers », un « supergroupe » comprenant dix musiciens congolais et dix musiciens indie rock (dont des membres de Konono n°1, Deerhoof, Wildbirds & Peacedrums, Kasai Allstars, Skeletons), qui ont collaboré à la création d’un répertoire commun, et se sont produits dans une quinzaine de grands festivals et salles de concert, dans 10 pays. (FL)
ACID ARAB (FR.)
L’air du temps fait vraiment bien les choses. Au moment où le phénoménal Charangit Singh sort enfin son Jupiter 8, sa TR808 et sa TB303 sur les scènes européennes pour la première fois depuis 30 ans, les deux DJ Guido Minisky et Hervé Carvalho ont sorti coup sur coup deux phénoménaux EP et un album sous le nom d’Acid Arab (chez Versatile), rendant hommage au premier qui, en 1982, avait ni plus ni moins inventé l’acid house avec son album Synthesizing : Ten Ragas to a Disco Beat (si vous ne connaissez pas ce disque, imaginez Ravi Shankar en rave party, c’est-à-dire des ragas indiens joués sur une rythmique house, avec ces fameuses lignes de basses en glissando de TB303, au final rendues très aiguës (effet acid) grâce à son unique filtre de résonance : exactement l’Acid House que Phuture « inventera » en 1987 dans son fameux Acid Tracks). Les EP de Acid Arab sont ainsi des disques participatifs sur lesquels les rois de la techno/house actuelle proposent leur vision des musiques arabes (au sens très large) réinterprétées ou remixées pour les clubs les plus aventureux de la planète. Ont répondu à l’appel de Guido et Hervé des gens comme I:Cube, Crackboy, Turzi, Gilb’R, Legowelt, Dj Gregory par exemple, pour un résultat qui explose systématiquement n’importe quel dancefloor (on a testé, c’est hallucinant), avec des envolées raï et des classiques de la musique du Maghreb, du Moyen-Orient ou d’Inde, dans lesquels darboukas, boîte à rythmes et mélodies vrillées TB303 sentent bon le sable chaud, le thé à la menthe et libèrent les hanches. Quand la transe orientale embrasse aussi amoureusement la transe occidentale, alors on peut enfin parler vraiment de world-music, et surtout de transcendance : il y a de l’amour et de l’extase dans cette musique. Et aussi de la danse bien sûr, furieusement excitante.
Pour les fans de techno, acid house, house, de rai, de bollywood, de musique turque, indienne, syrienne, marocaine, tunisienne, algérienne etc. etc. (FL)