1995 + Dee Nasty + Dj Fan + Olivier Cachin
- HIP HOP RAP
- La Grande Salle
- Production : TP
Cette année, le Temps Machine ouvre ses portes aux Rencontres des Danses Urbaines, point fort des cultures hip hop en région Centre. Depuis 14 ans, ce rendezvous qui, au-delà de la danse (stages, battles, spectacles), met en avant les formes fondatrices du mouvement (graff, scratch) par des conférences, des films, des rencontres et rassemble un public de plus en plus large, et surtout de plus en plus nombreux. Le Temps Machine a décidé de mettre en avant la musique, le temps d’une soirée de cette nouvelle édition, en proposant un joli panorama du genre, avec une conférence du «passeur historique» Olivier Cachin (dont la culture est aussi grande que ses chemises bien repassées), le crew 1995 (la jeune garde qui est en train de bouleverser le rap français), et enfin le grandiose Dee Nasty, qui partagera les platines avec DJ FAN, notre DJ Shadow local, pour une soirée qui va se terminer en battle improvisée avec la crème des danseurs français : une soirée HIP HOP qui va faire date, et surtout faire trembler les murs de la salle ! (FL)
1995
Les jeunes se marrent en regardant ce troupeau de vieux filous de l’industrie qui s’étripent à essayer de faire marcher le business du hip hop sans rien comprendre au mouvement ou à la manière de consommer la musique en 2011 : inconnu il y a un an, 1995 est en train de foutre la merde, et nous aussi on se marre ! Agé de vingt ans en moyenne et concentré autour des MC’s Sneazzy, Flav’, Nekfeu, Areno, Alpha Wann et de DJ Lo’, le crew 1995 n’a pas eu d’autre plan marketing que de faire de la musique, enchaîner les freestyles (LE truc du groupe), et de se débrouiller tout seul pour le reste. Depuis quelques mois, c’est l’affolement général chez les labels qui se bousculent au portillon pour les signer... et les gars rigolent doucement, à l’aise avec leur page Facebook qui dépasse les 30 000 fans, et leurs vidéos sur youtube qui atteignent les 300 000 vues en seulement un mois (ils frôlent même le million de vues pour le «Dans Ta Réssoi» de Nekfeu et Alpha Wann, dingue). Pour le moment, 1995, c’est juste du hip hop, des battles, des mixtapes, des concerts incendiaires et une armée de fans au taquet : à la vitesse où va le buzz, il n’est pas impossible que le crew casse la baraque avant la fin de l’année (l’exemple de WU LYF pour les indie rockers a prouvé qu’on pouvait très bien se passer de maison de disques). Du talent, de l’humour, de la démerde et un état d’esprit très 90’s (ils ne s’appellent pas 1995 par hasard), les unneufneufcinq sont en train de réinventer un rap français qui, soyons honnêtes, avait du mal à nous exciter ces dernières années. L’histoire est en train de s’écrire, et les plus vieux d’entre nous ne pourront s’empêcher de penser au mythique concert de NTM au Sanitas en 1992 à l’époque de leur premier album... Quant aux plus jeunes, ils doivent bien se marrer à la lecture de ce texte : eux ça fait bien longtemps qu’ils savent très bien qui sont les 1995 ! (FL)
DEE NASTY
Dee Nasty et Olivier Cachin dans la même soirée, c’est plus de 50 ans de mémoire hip hop à eux deux, et autant de passion, de bienveillance et de partage. Olivier Cachin et Dee Nasty ont le même âge et ont tous les deux été à l’origine de l’explosion du hip hop en France, l’un à la télé et dans ses livres, l’autre sur Radio Nova, dans son émission Deenastyle dans laquelle il accompagna les premiers pas de NTM, MC SOLAAR, ASSASSIN, Minister A.M.E.R. et tant d’autres. Mais Dee Nasty n’est pas uniquement le passeur que l’on connaît : après avoir découvert les break dancers et les graffitis en 1979 lors d’un séjour aux Etats-Unis, il s’attelle au scratch sur sa collection de disques de funk, en essayant de retrouver à l’oreille ces nouvelles techniques entendues sur les disques de Grandmaster Flash et Afrika Bambaataa. Dee Nasty fait alors partie des quelques pionniers a avoir ramené la culture hip hop en France, avec Bernard Zekri, alors journaliste au magazine Actuel, qui avait organisé en 1982 le «New York City Rap Tour» en Europe et qui avait produit le premier rap «en français» avec Fab Five Freddy, son colocataire à NY, disque mythique scratché par DJ DST dans le «Rock It» d’Herbie Hancock, mais ça c’est une histoire qu’Olivier Cachin raconterait beaucoup mieux que nous :) Il organise des après-midi hip hop dans des terrains vagues au nord de Paris dans lesquelles se mêlent scratch, danse, graff et les tous premiers raps en français avec Lionel D., Destroy Man et Jhony Go. Il sort son premier album autoproduit en 84, «Pananme City Rappin» (le premier du genre) la même année que l’émission H.I.P. H.O.P. de Sidney, mais la mode du hip hop qui explose à ce moment s’écroule aussi vite qu’elle est venue (c’est surtout le «smurf» qui fut à la mode à l’époque, comme un truc éphémère de jeunes, à l’image du skateboard ou du yoyo), et le disque circule sous le manteau. Mais le mouvement existe. Actuel, Radio Nova et Génération en particulier continuent de faire la promotion de cette culture, pour le coup très underground, jusqu’à la fin des années 80, pendant que Chagrin D’amour, Paris Latino ou Break Machine trustent les premières places du top 50, prouvant malgré tout que le rap «existe». Le boulot de Dee Nasty et Lionel D. dans leur émission Deenastyle sur Nova deviendra le terreau de l’explosion du rap français : NTM, Assassin, Minister A.M.E.R, Mc Solaar et beaucoup d’autres y font leurs premiers pas. Il organise en 88 le premier festival de rap avec Assassin, NTM, Crazy B, Cut Killer, et lorsque sort la compilation «Rapattitude» en 1990, tout ce travail de fond est récompensé par un succès aussi énorme qu’inattendu (100 000 exemplaires vendus) et les maisons de disques vont commencer à s’intéresser sérieusement au mouvement, faisant alors leur marché, et ce sera l’explosion et les dérives FM que l’on connaît qui jalonneront les années 90. Dee Nasty lui n’a jamais cessé de porter la flamme du mouvement, et ce depuis plus de 25 ans. Pilier de la Zulu Nation (récemment nommé Grand Master), il multiplie les projets et les collaborations et est reconnu unanimement pour son talent, sa culture, son sens du partage et, surtout, sa bienveillance. La classe ultime, quoi. (FL)
DJ FAN
François alias FAN est un DJ dans la pure tradition de la culture hip hop, 5éme dan de scratch et aventurier du break secret, dans les pas de Grandmaster Flash, Steinski, DJ Touché ou Cut Chemist (technique de folie et sens du groove imparable). Fidèle donc à cette tradition hip hop qui est toujours allé chercher dans tous les styles pour donner le tempo à la fête, Dj FAN est aujourd’hui animateur de la «Dernière Dimension» sur Radio Béton et le digne successeur de Freddy Jay qui avait créé l’émission en 1991 : il ne suffit pas, en effet, de maîtriser l’art du scratch pour retourner un dance floor, et DJ FAN montre à chacun de ses mix l’étendue de sa culture, car un vrai DJ est avant tout un passeur, et FAN est de cette trempe. Aussi à l’aise à la radio qu’avec Autiste Redding et Dees Chan (LA sensation hip hop à découvrir en novembre au Temps Machine), DJ FAN fait fondre les platines des meilleures soirées tourangelles et rend nos journées plus belles avec ses folles mixtapes, notamment la géniale «The Fanky Breaks Collection», collection en forme de cours magistral d’histoire du hip hop, à destination de tous, qui fait danser aussi bien les néophytes que les spécialistes, sur la tête bien sûr : le genre de (rare) professeur dont on n’a pas envie de sécher les cours ! (FL)
OLIVIER CACHIN - conférence (Paris, FR)
Olivier Cachin, c’est d’abord la confirmation que l’habit ne fait pas le moine. A côté d’un Philippe Manoeuvre qui se fond dans son propos avec son éternel cuir et sa collection de Ray-Ban très «rock attitude», Olivier Cachin est apparu en 1990 dans son émission Rapline vêtu d’une chemise et d’une cravate ! Un détail vestimentaire à l’exact opposé des survêts XXL de Public Enemy, mais un détail qui est pourtant devenu aussi mythique que son émission, diffusée sur M6 jusqu’en 1995. Fort d’une connaissance encyclopédique du hip hop et d’une passion contagieuse qu’il a généreusement partagée pendant cinq années de Rapline avec son débit mitraillette, Olivier Cachin a accompagné les débuts de pratiquement tous les groupes de rap français dans les années 90 (IAM, NTM, ASSASSIN, Ideal J, Mc Solaar, Minister A.M.E.R...) et fut le premier à diffuser des clips de rap US, six ans après la non moins mythique émission de Sidney, H.I.P. H.O.P., en 1984. Journaliste et écrivain, Olivier Cachin est encore aujourd’hui une des figures majeures et respectées du mouvement hip hop (et toujours les mêmes beaux costumes) : fondateur du magazine L’Affiche, il a écrit une dizaine de livres parmi lesquels «L’Offensive Rap», «Eminem le prince blanc du hip hop», «100 albums essentiels du reggae», «Rap Stories», «100 B.O. Cultes», «100 Albums Culte Soul Funk R&B» et présente depuis 2009 une émission sur le Mouv, qui revisite la musique populaire des années 60 aux années 2000. (FL)
cravate / docteur es rap 8ème dan
OLIVIER CACHIN
rap / freestyle / jeunesse / raz de marée à venir
1995
légende / grand master / zulu nation / hip hop
DEE NASTY
hip hop old school / scratch / scraaaatch / deeejaaaay
DJ FAN