The Oscillation + James Pants
- KRAUT GROOVE & HIP-POP
- Le Club
- Production : TP
THE OSCILLATION (London, UK)
Quand on parlait de The Oscillation en 2009, on écoutait encore leur incroyable album de 2007, «Out Of Phase» (qu’on écoute toujours aujourd’hui d’ailleurs). En 2011, c’est leur nouvel album «Veils», tout aussi incroyable, qui nous fait dire qu’on va encore passer du temps avec eux dans les oreilles... Toujours aussi géniaux et arrivant à manier les ambiances comme personne aujourd’hui, ils mettent une fois de plus à mal les tentatives de nommer leur musique. Mais leur auto-description est parfaite, du moins pour les amateurs de l’histoire des musiques folles, recopionsla donc mot pour mot. «Entre nervosité krautrock, mélancolie pop douce-amère, drones et no-wave fuzz, The Oscillation s’attaque à la kosmische musik de Neu! et Tangerine Dream à la manière dont PIL s’est attaqué au punk funk, Miles Davis à l’expérimentation et Spacemen 3 au blues rock». On confirme, bien entendu, en rappelant que les groupes cités ont été, à leurs époques respectives, largement plébiscités par le public, et leurs musiques, synonymes d’une liberté totale, furent à la fois hors cadre, inventives, avant-garde et... populaires ! Une somme d’influences qui donne envie de tordre le cou une bonne fois pour toute à cette notion de musique dite «pointue», quel vilain mot. Comme nous, The Oscillation ne fait aucune différence entre The Cure, Talk Talk, Lee «scratch» Perry, The Stooges, Miles Davis, Pink Floyd, Jimi Hendrix et Can, Suicide, Liquid Liquid, Spectrum, Silver Apples, My Bloody Valentine, The Electric Prunes ou Harmonia (et on ne citera que les groupes dont The Oscillation revendique l’héritage, car la liste est longue - et on refera le même jeu pour James Pants, vous allez voir). Juste du plaisir et de la découverte donc, rien de moins. C’est vrai que le nouvel album de The Oscillation est difficile à trouver (en «disque»)... allez donc vite sur la page web du label qu’ils ont monté l’année dernière, All Time Low. On n’est jamais mieux servi que par soi-même, non ? (FL)
JAMES PANTS (USA)
James Pants est génial, et s’il ne fallait pas vous donner très envie de venir, je m’arrêterais là niveau explications. Mais à force de dire que tout ce qu’on programme est génial, je suis obligé d’argumenter un peu (ceci dit, vu qu’il est question de musique, vous pouvez toujours aller vérifier sur les internets bande de pirates, ou écouter nos bonnes radios FM, et pourquoi pas aller chez Madison rue Colbert pour acheter un disque). James Pants ne vous dit peut-être rien, mais ce n’est pas grave, rassurez-vous, il y a plein de trucs géniaux qu’on ne connaît pas nous non plus. Aujourd’hui figure emblématique du super-mortel-génial label Stones Throw, James Pants a commencé comme petit protégé de son super-génial patron Peanut Butter Wolf, qui l’avait pris sous son aile et embauché comme stagiaire au début des années 2000. Quelques démos envoyées plus tard, James Pants sort son premier album et c’est l’affolement général. «Welcome», album inaugural de 2008, fera en effet se télescoper au moins quinze styles de musiques différents un peu à la manière de Beck (sur «Odelay»), Edan ou Madlib, ravissant les oreilles curieuses, et raflant tous les suffrages (du r’n’b 80 joué par Silver Apples, s’amuse à dire Pants lui-même). Un gros mélange donc, avec du hip hop façon Stones Throw (Egon, Dilla, Madlib et Dâm Funk en tête), de la soul, de la new wave, du post-punk disco, du early rap, de l’electro boogie et de la library music, le tout produit par un batteur multi-instrumentiste qui donne l’impression de voyager dans le temps de manière complètement anachronique (faire du moderne avec du vintage, et du vintage avec du moderne). Ses albums suivants ne feront que confirmer le talent du bonhomme qui, comme un bon vin, ne fait que se bonifier avec le temps. Son nouveau disque, éponyme, est un petit chef d’oeuvre qui continue les mélanges, mais laisse un peu de côté le hip hop pour regarder Suicide avec les yeux de Phil Spector, enlacer Prince avec les bras de Bruce Haack, embrasser les Ronettes avec la bouche de Broadcast, faire l’amour à Gary Numan, dans une cathédrale, avec la bite de Gary Wilson. Et puis, un Texan ex-producteur de hip hop pro-black qui ne fait aucune différence entre Gary Wilson, 2 Live Crew, Silver Apples, Pharoah Sanders, Madlib, Suicide et Kenny Dope, c’est forcément un type bien, non ? Que dire de plus... Qu’il a fait le DJ pour le mariage de Peanut Butter Wolf ? Non, ça vous vous en fichez... Qu’il habite à Cologne depuis peu et qu’il est ingénieur du son ? ça non plus, sans intérêt. Qu’il vient faire un concert au Temps Machine en solo et qu’on ne sait absolument pas ce qu’il va faire sur scène ? Ah oui, ça c’est mieux ! Et sinon, on vous a dit que la curiosité était un vilain défaut ? Non ? Alors on vous le répète : LA CURIOSITÉ EST UN VILAIN DÉFAUT ! (FL)