Beak> + Zombie Zombie + J&Y
- KRAUT ROCK FUTURISTE
- La Grande Salle
- Production : TP
BEAK> (Bristol, UK)
Attention attention ! Ce texte est en train de s’écrire d'une traite et de manière complètement subjective par une main fébrile guidée par un cerveau déconnecté du réel : le nouvel album de BEAK tourne sur la platine et une sorte de transe extatique empêche toute forme de concentration littéraire. Les muscles se compriment, l'esprit se libère, la danse gagne le bas du corps, l'univers devient beaucoup moins loin et à la fois beaucoup plus grand. On a tellement attendu cet album qu'on n'arrive plus à l'enlever de la platine, même s'il nous met à chaque fois dans un état second. Encore une fois, Geoff Barrow et sa bande nous prouvent que la drogue s'achète chez les disquaires et qu'elle est parfaitement légale. Dès la sortie de >>, Geoff Barrow a tout raconté dans la presse, enchaînant les interviews sans jamais garder sa langue dans sa poche : après l'album d'Anika - réalisé avec ses deux compères de Beak - son boulot de chirurgien sonore sur le nouvel album de PORTISHEAD et la tournée qui va aller avec, l'album de hiphop aux 30 featurings qu'il a produit pour Stones Throws (QUAKERS) et une indépendance qui frise la perfection à la tête de son label (Invada). Il nous a aussi confessé être à nouveau excité comme un gamin de 15 ans avec ce nouvel album de BEAK, fruit d'une complicité absolue entre trois musiciens (une batterie, une basse et un synthé très bizarre) qui se parlent en musique et se racontent des trucs vraiment cosmiques. Maîtrisant l'art de l'improvisation héritée des figures magnifiques kraut originelles (Can et Neu! en tête), le trio arrive à explorer l'univers avec comme postulat de départ qu'une idée forte n'est jamais mieux servie que dans sa simplification extrême. Ajoutez à cela un son vraiment singulier, saupoudré de poussière galactique, et vous aurez une idée de ce que peut être la Kosmisch Musik de 2012, autrement dit les hallucinations les plus folles que nous ait procuré ces derniers temps notre drogue préférée (la musique), et qui nous a permis jusqu'ici de ne jamais nous perdre dans ces saloperies chimiques (auxquelles on n'a jamais eu envie de goûter par ailleurs). Grand disque, grand groupe, grande claque. (FL)
ZOMBIE ZOMBIE (Paris, FR.)
Si on avait invité Zombie Zombie pour l'ouverture, c'était pas pour rien (on est fans). Et si ils continuent à sortir des albums aussi géniaux, soyez sûrs qu'il reviendront les jouer à chaque fois. Vous l'avez compris, le nouvel album est génial, on est toujours fans et à part vous dire que Lori de Berg Sans Nipple officie dorénavant en tant que deuxième batteur, on aurait presque envie de vous faire un copier coller de tout le bien qu'on avait dit d'eux il y a maintenant un an et demi. Pour ceux qui n'étaient pas là, Zombie Zombie est une formule mathématique assez simple : un Etienne Jaumet avec ses nombreux synthétiseurs analogiques et son saxophone et un Cosmic Neman avec sa batterie, ses rototoms et sa casquette de loulou de banlieue. Échappés l'un et l'autre de leurs groupes pop respectifs (Married Monk pour l'un, Herman Düne pour l'autre), les deux amis enchaînent non-stop concerts, dj sets, mixtapes, jusqu'à jouer, pour Etienne, du John Cage avec le Cabaret Contemporain et un énorme solo de sax avec les Red Hot Chili Peppers au Stade de France (allez dans google si vous ne me croyez pas). Assez pour dire que ces gars-là en ont sous le pied et qu'ils sont bien échauffés pour la reprise de la tournée pour défendre leur génial nouvel album dans lequel se glisse (enfin) avec merveille le sax d'Etienne, et des influences toujours en forme d'hommage (Sun Ra, Kaftwerk, Can), cet amour toujours fou pour Carpenter et le krautrock qui pointent çà et là le bout de leur nez), et une admiration totale (et réciproque) pour BEAK> : les faire jouer ensemble n'est évidemment pas un hasard, vous l'aurez compris ! Plus doux, plus groove, plus kraut, plus transe, plus cosmique, plus extatique, voilà ce qu'on a envie de dire à propos de cet album qui porte bien son nom ("Rituels d'un Nouveau Monde"). On trépigne grave : cette soirée est VRAIMENT la soirée qu'on attend avec le plus d'excitation. Oui oui. (FL)
J&Y (Paris, FR.)
Donc pour faire compliqué (alors qu'on pourrait faire très simple), nous voilà à une soirée avec Beak>, des fans de krautrock et de hip-hop, Zombie Zombie, des fans de krautrock et de Sun Ra, et J&Y, des fans de krautrock et de Dinosaur Jr. Elle est pas belle la vie ? J&Y donc, comme John et Yoko, soyons clairs, c'est une histoire morphologique (vous verrez bien sur scène). D'ailleurs, vous les avez déjà peut-être vus au Temps Machine à la basse et à la batterie dans Pokett, le 1er juillet 2011. En même temps, si vous les aviez vus, c'est sûr que vous vous en souviendriez. Ou alors peutêtre sur internet : King Q4 et Laurencina Lam ont en effet un drôle de hobby, ils se prennent en photo avec leurs idoles ! Laurencina et Kim Gordon, King Q4 et Lou Barlow, les deux avec Steve Shelley, avec Jay Mascis, avec Disappears, et vont même jusqu'à monter sur scène pour chanter avec eux (tapez Laurencina + Dinosaur Jr dans Google si vous ne me croyez pas). Bref, J&Y sont aussi beaux et sexy que Lennon et Ono, et à eux deux ils enflamment nos petits coeurs avec leurs morceaux parfois très kraut / motorik, parfois plutôt ambiant et psyché, monsieur à la batterie, madame à la basse, et quand les synthés suintent, on ne sait pas trop qui appuie sur les boutons par contre. Vraiment mignons, parfois méchants aussi, les copains de son de Domotic (et de toute la bande de Clapping Music) sont de magnifiques outsiders que des labels classieux ressortiront en édition double vinyle 180g deluxe dans 25 ans : en attendant, allons écouter leur bandcamp ou acheter leurs cassettes sorties sur un label américain et pleurer comme des adolescents qui écoutent une cassette de Sentridoh. Et on parie - malgré leur probable résurrection en édition deluxe très chère dans 25 ans – qu'ils vont vous faire vibrer les poils sur scène, car leur musique est BIEN, qu'ils sont BEAUX et qu'ils sont surtout VRAIMENT COOLS. (FL)